PIB Vaudois

11 novembre 2025

PIB vaudois: la dégradation des perspectives se confirme

L’annonce, le 1er août par les États-Unis, de droits de douane de 39% sur une partie des exportations suisses pèsera sur la conjoncture vaudoise en 2026. Ainsi, après une progression de son produit intérieur brut (PIB) de 1,9% cette année, découlant en partie de la constitution de stocks outre-Atlantique avant la hausse de ces droits, la croissance du canton devrait baisser l’an prochain à 1,1%, selon les données publiées par la Commission Conjoncture vaudoise. Les perspectives pourraient toutefois s’améliorer en cas d’aboutissement des discussions entre Berne et Washington; malgré des rumeurs, celles-ci n’avaient toutefois pas donné de résultat concret à l’heure d’écrire ces lignes. De plus, le degré d’incertitude est très élevé, avec comme facteurs de risque notamment la situation géopolitique, l’endettement de certains pays ou l’évolution du cours du franc.

• Communiqué de presse
• Figures

Bien que la visibilité sur l’évolution de la conjoncture internationale se soit améliorée depuis la conclusion, à partir de l’été, d’accords entre les États-Unis et d’autres pays, les prévisions d’octobre du Fonds monétaire international (FMI) restent inférieures à celles établies avant le changement de cap de la politique commerciale américaine. Le manque d’élan de la conjoncture mondiale devrait donc se prolonger et la croissance mondiale ralentir, passant de 3,3% en 2024 à 3,2% en 2025 et à 3,1% en 2026.

Demande intérieure robuste

Alors que les produits pharmaceutiques restent exemptés, tout comme les lingots d’or, sans accord avec les États-Unis, les droits de douane additionnels de 39% appliqués aux marchandises de nombreuses entreprises suisses font partie des plus élevés au monde. À ce niveau, leur compétitivité-prix est réduite par rapport à des concurrents installés dans d’autres pays moins taxés. La baisse du cours du dollar, de plus de 10% contre le franc depuis le début de l’année, constitue un obstacle supplémentaire. Le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) prévoit pour la Suisse une croissance de 1,3% pour 2025 et de 0,9% pour 2026.

Si l’environnement international est difficile, la demande intérieure vaudoise reste robuste. À 4,5% en octobre, le chômage dans le canton demeure peu élevé. Les taux d’intérêt sont bas: le rendement des obligations à 10 ans de la Confédération évolue au-dessous de 0,5%, tandis que le taux directeur de la Banque nationale suisse s’inscrit à 0% depuis juin, alors qu’il était de 1,75% en mars 2024. Les indicateurs de marche des affaires de la Commission Conjoncture vaudoise montrent une industrie faisant face à des vents contraires, avec une appréciation de la marche des affaires en repli. Dans les autres secteurs de l’économie, la construction, le commerce de détail, l’hôtellerie-restauration et les services, la marche des affaires est jugée stable.

Incertitude en ce qui concerne les branches

En raison du degré élevé d’incertitude, les prévisions par branche sont à considérer avec prudence. Toutefois, certaines tendances se dégagent et montrent la robustesse de la demande intérieure. Ainsi, le commerce de gros et de détail est attendu en forte croissance (plus de 2%) cette année comme l’an prochain. Dans les services aux entreprises et activités immobilières ainsi que dans les services publics et parapublics, une croissance modérée (entre 0,5% et 2%) en 2025 pourrait être suivie d’une forte croissance en 2026. Dans la construction, les prévisions portent sur une croissance forte cette année, puis modérée l’an prochain; ces perspectives pourraient toutefois évoluer avec la future suppression de l’imposition de la valeur locative. Les services financiers pourraient connaître une croissance modérée en 2025, puis une stagnation (évolution entre -0,5% et +0,5%) en 2026.

Une stagnation cette année et une baisse modérée (entre -0,5% et -2%) l’an prochain sont attendues dans l’hôtellerie-restauration. Dans les transports et communications, les prévisions portent sur un repli modéré en 2025 et une forte baisse (plus de -2%) en 2026. Dans la chimie-pharma, une forte hausse de l’activité cette année pourrait laisser la place à un repli modéré l’an prochain. Quant à l’industrie des machines et à l’horlogerie, une forte baisse se dessine pour 2025 comme pour 2026.