PIB Vaudois

PIB Vaudois

Le PIB est un indicateur essentiel pour évaluer la force et le dynamisme d’une économie.

En tant que mesure de la conjoncture, le produit intérieur brut (PIB) est un outil indispensable pour les responsables de l’économie privée et les décideurs politiques. Grâce aux données historiques et aux prévisions de croissance, il leur permet de mieux comprendre l’évolution de la conjoncture, de préparer leurs décisions et de piloter leurs projets. Le découpage des données en secteurs et en branches permet aussi de tenir compte des variations entre les différents domaines d’activité.

Le calcul du PIB vaudois est confié aux économistes Claudio Sfreddo (chef de projet depuis 2008) et Giuliano Bianchi de l’Institut QUANTITAS pour l’analyse et la prévision économiques, hébergé à l’EHL et rattaché à la HES-SO. Il se base notamment sur les données de référence de l’Office fédéral de la statistique et du Secrétariat d’Etat à l’économie. Les taux de croissance suisse et vaudois publiés sont corrigés des effets des grandes manifestations sportives internationales. Publié depuis 2008, initialement deux fois par an, le PIB vaudois est publié depuis 2011 quatre fois par an.

Prévisions

17 juillet 2025

PIB vaudois: niveau d’incertitude toujours très élevé

Trois mois après l’annonce par les États-Unis de droits de douane touchant la plupart des économies et l’ouverture de négociations, le niveau d’incertitude reste très élevé. Bien que le résultat des pourparlers entre Washington et Berne sur les droits de douane pour les marchandises suisses ne soit pas encore connu, une récession ne semble pas à l’ordre du jour dans le pays. Les prévisions ont toutefois été légèrement revues à la baisse par rapport à il y a trois mois et la croissance dans le canton et en Suisse devrait s’inscrire cette année vraisemblablement entre 1,2% et 1,6% dans le premier et 1,1% et 1,3% dans la seconde, selon le scénario considéré. L’incertitude reste de mise pour 2026, avec une croissance qui pourrait s’inscrire entre 0,8% et 1,4% dans le canton et 0,8% et 1,2% en Suisse, selon les données publiées par la Commission Conjoncture vaudoise ainsi que les prévisions et scénarios du SECO. En fonction notamment des évolutions sur le plan commercial, les prévisions sont susceptibles d’évoluer.

« Les perspectives mondiales se dégradent de plus en plus », observe l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans ses Perspectives économiques de juin. Notamment, le renforcement des barrières commerciales ou la dégradation de la confiance des entreprises et des ménages pèsent sur la conjoncture. L’organisation a abaissé ses prévisions de croissance dans le monde, qui passent de 3,1% à 2,9% pour cette année et de 3,0% à 2,9% pour l’an prochain. En ce qui concerne la Suisse, le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) a ramené en juin ses prévisions de croissance de 1,4% à 1,3% pour 2025 et de 1,6% à 1,2% pour 2026.

Comme en mars, le SECO a assorti ses prévisions de base de deux scénarios. Dans le premier, le plus pertinent à l’heure actuelle, l’intensification des tensions commerciales pourrait ramener la croissance suisse à 1,1% cette année et à 0,8% l’an prochain. Dans un second scénario, il n’y aurait pas d’escalade dans la guerre commerciale, tandis que d’autres développements, comme l’intention du gouvernement allemand d’investir dans les infrastructures ou celle de l’Union européenne (UE) de renforcer sa défense, auraient des répercussions positives sur la conjoncture du principal débouché des exportations suisses. Si ce scénario est peu vraisemblable à l’heure actuelle, certains de ses éléments pourraient toutefois avoir des effets positifs pour l’économie suisse, même en cas d’escalade de la guerre commerciale.

Demande intérieure robuste

À l’échelle du canton, les prévisions de base ont été ramenées de 1,7% à 1,6% pour 2025 et de 1,9% à 1,4% pour 2026; le scénario de guerre commerciale équivaut, pour sa part, à une croissance freinée à respectivement 1,2% et 0,8%. Les indicateurs de marche des affaires de la Commission Conjoncture vaudoise montrent d’ailleurs que le canton n’échappe pas au ralentissement de l’activité. Si les services et la construction évoluent en zone positive, l’industrie, l’hôtellerie-restauration et le commerce de détail montrent une appréciation négative de la marche des affaires. 

Cette évolution survient alors que la croissance mondiale peine à retrouver de l’élan et que d’autres facteurs d’incertitude restent présents, comme les risques géopolitiques, l’endettement de certains pays ou l’évolution du cours du franc et des relations avec l’UE. Les économies suisse et vaudoise peuvent toutefois compter sur le soutien d’une demande intérieure solide. Le taux de chômage, même s’il est remonté depuis ses plus bas de 2023, demeure peu élevé, à 2,7% en juin en Suisse et à 4,2% dans le canton. L’inflation est faible, à 0,1% en rythme annuel en juin, de même que les taux d’intérêt après l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), dont le taux directeur est passé de 1,75% à 0% entre mars 2024 et juin 2025.

Incertitude en ce qui concerne les branches

En raison du degré d’incertitude, les prévisions par branche sont à considérer avec prudence. Toutefois, certaines tendances se dégagent, qui pourraient continuer de se vérifier cette année. Dans les branches manufacturières, de nouveaux droits de douane américains élevés pèseraient du mauvais côté de la balance pour l’industrie des machines, la fabrication d’instruments de précision et l’horlogerie, alors qu’elles faisaient déjà face à des vents contraires en raison du manque d’élan de la conjoncture mondiale. En revanche, le fait que les médicaments en soient, en tout cas provisoirement, exemptés pourrait permettre à la chimie-pharma de continuer à croître fortement cette année. La construction bénéficie, de son côté, d’une demande relativement solide.

Dans les services, l’hôtellerie-restauration pourrait voir son activité se tasser après le rebond qui a suivi la crise du COVID-19. Les transports pourraient pour leur part être freinés par l’incertitude. Les autres activités relevant du tertiaire, soit les services aux entreprises et les activités immobilières, les services financiers, les services publics et parapublics ainsi que le commerce devraient, quant à eux, bénéficier d’une demande domestique robuste.

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